17 & 18 juin - tourbière de Fossambault-sur-le-lac

Dernièrement j'ai visité une tourbière que j'ai découvert avec l'outil "Google Earth". Elle est située entre les villes de Fossambault-sur-le-lac et Shannon et a une superficie d'environ trois x trois kilomètres. Loin de l'avoir couvert au complet, je me suis concentré sur la partie ouest qui est facilement accessible via un chemin forestier se terminant en cul-de-sac.

Dès mon arrivée je note plusieurs juliennes et quelques quadrimaculées sur le chemin de gravier. Un coup d'oeil rapide à l'entrée de la tourbière révèle un secteur gorgé d'eau et beaucoup de mousse. Quelques pas suffisent pour découvrir une belle population de déesses gracieuses. Il y a des mâles, des femelles, des individus ténérals et plusieurs tandems dans ce milieu qui leur est tout à fait propice.

Un peu plus loin le sol est moins humide et se sont surtout des éricacées et d'autres types de mousses qui dominent le milieu. J'arrive enfin où il y a des mares et des étangs et là je découvre une quantité de libellules qui m'impressionnent par leur nombre. Il s'agit  de leucorrhines glaciales, de juliennes et d'agrions boréals qui sont les trois espèces qui dominent l'endroit. Parmi les incessantes poursuites intra-spécifiques des leucorrhines et des juliennes, une autre espèce semble apprécier ce milieu et il s'agit de la Cordulie de Shurtleffer. Plusieurs mâles territoriaux repoussent sans cesse tout intrus s'approchant des lieux où quelques femelles semblent se terrer et où j'en ai d'ailleurs observé une volant et tapant l'eau avec le bout de son abdomen pour déposer ses oeufs entre les enchevêtrements de branchage. D'autres espèces, quoiqu'en moins grands nombres, sont aussi présentes dans ce milieu ou à proximité. Il y avait encore des déesses paisibles mais elles étaient très localisées dans certaines parties des étangs, il y avait aussi des leucorrhines hudsoniennes (très peu en fait), quelques lestes flamboyants ainsi qu'une couple de cordulies écorcées. En déplacement entre deux endroits dans la tourbière, dans un sentier humide bordé par des conifères, j'ai aussi observé un Cordulégastre maculé.

C'est au retour que j'ajoute une nouvelle espèce que je n'avais pas détectée à mon arrivée. Dans la zone très humide je vois voler une libellule qui ne me dit rien de par son type de vol. Elle se déplace à environ deux pieds au dessus des mousses et fait un aller-retour constant dans une zone ouverte entre les arbres bordant la tourbière. Ses déplacements prévisibles ont fait en sorte qu'elle s'est retrouvée dans le fond du filet plutôt rapidement! Il s'agit d'une aeschne printanière et c'est une espèce pas si commune dans la région. Pendant que je la manipule pour prendre des photos, une autre passe tout près que je peux aisément identifiée et les longs appendices au bout de l'abdomen indique qu'il s'agit d'un autre mâle. Cet endroit pourrait donc cacher une population intéressante de cette espèce que j'ai noté lors des deux journées d'inventaires.

Enfin une marche dans des sentiers bordant la tourbière rapportera quelques nouvelles espèces pour le secteur dont le Caloptéryx à taches apicales, l'Agrion vertical, le Cordulégastre aux yeux séparés et la leucorrhine apprivoisée.


La zone la plus humide du secteur à l'entrée de la tourbière - tourbière Fossambault-sur-le-lac
 
Le type de mares rencontrées dans la tourbière - tourbière Fossambault-sur-le-lac

Déesse gracieuse - Sphagnum Sprite - Nehalennia gracilis - tourbière Fossambault-sur-le-lac

Leucorrhine glaciale - Crimson-ringed Whiteface - Leucorrhinia glacialis - tourbière Fossambault-sur-le-lac

La julienne - Chalk-fronted Corporal - Ladona julia - tourbière Fossambault-sur-le-lac

Aeschne pygmée - Harlequin Darner - Gomphaeschna furcillata - mâle - tourbière Fossambault-sur-le-lac

Aeschne pygmée - Harlequin Darner - Gomphaeschna furcillata - mâle - tourbière Fossambault-sur-le-lac

Aeschne pygmée - Harlequin Darner - Gomphaeschna furcillata - mâle posé sur un tronc - tourbière Fossambault-sur-le-lac


Liste des espèces

1 Calopteryx aequabilis le 18 juin
3 Lestes eurinus le 17 juin & 2 le 18 juin
40 Nehalennia gracilis chaque jour
30 Enallagma boreale chaque jour
10 Ischnura verticalis le 18 juin
2 Gompheaschna furcillata le 17 juin & 1 le 18 juin
1 Cordulegaster maculata le 18 juin
1 Cordulegaster diastatops le 18 juin
12 Cordulia shurtleffii le 17 juin  & 1 le 18 juin
75 Leuccorhinia glacialis chaque jour
5 Leuccorhinia hudsonica le 17 juin  & 10 le 18 juin
1 Leuccorhinia proxima le 17 juin  & 3 le 18 juin
35 Ladona julia le 17 juin  & 40 le 18 juin
10 Libellula quadrimaculata le 17 juin


Alain Côté

2 commentaires:

Unknown a dit...

Bonjour Alain,
C'est toujours très instructif de te lire ! J'apprécie beaucoup tes rapports.
Je m'intéresse depuis ce printemps aux Odonates et je me demande si je dois commencer la récolte d'individu. Est-ce que les photos c'est suffisant ? Je me pose la question !
Qu'en penses-tu ?
Merci

Alain Côté a dit...

Bonjour Steve,

c'est une bonne question et tout est question de point de vue.

Pour ma part je crois que les technologies actuelles permettent de valider les espèces sans avoir à les récolter. Ainsi je ne récolte aucun spécimen pour quelques raisons que ce soit. Je prends le maximum de photos, de plusieurs angles, qui amèneront (je l'espère toujours) à une identification positive de toutes les espèces que je capture au filet. Je les manipulent avec le plus grand soin avant de les relâcher dans leur milieu.

En espérant avoir répondu à ta question.