Les odonates des rivières Sainte-Anne et Jacques-Cartier - 28 juillet 2019


Suite aux résultats d'inventaires obtenus à la rivière Saint-Charles récemment, il y a deux autres rivières de la grande région de la Capitale-Nationale que j'ai choisi d'inventorier en canot afin de mieux connaitre son odonatofaune. Il s'agit des rivières Sainte-Anne dans le secteur de Saint-Raymond et Jacques-Cartier dans le secteur de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.

La première que j'ai inventoriée, en compagnie de Guy, fut la rivière Sainte-Anne, à proximité de Saint-Raymond, sur une distance d'environ 1 kilomètre vers l'aval puis la rivière Bras-du-Nord de la rivière Sainte-Anne (affluent de la rivière Sainte-Anne) sur une distance d'environ 1,5 kilomètre vers l'amont.

Sans plus tarder voici la liste des espèces recensées dans le secteur de Saint-Raymond :

Calopteryx aequabilis - seulement 2 imagos femelle observés
Calopteryx amata - 25 imagos observés (belle présence de cette espèce)
Calopteryx maculata - 8 imagos observés
Lestes sp. - 1 imago observé
Argia fumipennis - 2 imagos mâle dont 1 "capturé/relâché" (C/R) et 1 observé


Argie violacée - Violet Dancer - Argia fumipennis violacea - mâle

Argia moesta - 1 imago mâle observé
Enallagma carunculatum - 3 imagos mâle C/R
Enallagma ebrium - 5 imagos mâle C/R
Enallagma exsulans - 15 imagos mâle dont 5 C/R et 10 observés
Enallagma sp. - 2 imagos mâle observés
Ischnura verticalis - 8 imagos dont 2 femelles C/R et 6 mâles observés
Basiaeschna janata - 2 imagos femelle dont 1 C/R et 1 observé
Dromogomphus spinosus - 2 imagos mâle dont 1 C/R et 1 observé
Ophiogomphus sp. - 1 imago observé
Stylurus scudderi - 1 imago mâle observé
Stylurus spiniceps - 1 exuvie collectée
Macromia illinoiensis - 4 imagos observés
Cordulia shurtleffi - 1 imago femelle C/R
Epitheca sp. - 1 imago observé
Somatochlora tenebrosa - 1 imago femelle C/R


Cordulie ténébreuse - Clamp-tipped Emerald - Somatochlora tenebrosa - femelle


Ladona julia - 1 imago mâle observé
Libellula quadrimaculata - 2 imagos observés
Plathemis lydia - 4 imagos observés dont 3 mâles et 1 femelle

La deuxième rivière à être inventoriée fut la rivière Jacques-Cartier dans le secteur de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. J'ai navigué celle-ci vers l'aval sur une distance d'environ 2 kilomètres en inspectant soigneusement les rives à la recherche d'exuvies. Mes résultats apparaissent dans la liste ci-dessous:

Calopteryx aequabilis - au moins 75 imagos observés
Calopteryx maculata - au moins 30 imagos observés
Argia moesta - 1 imago mâle C/R
Enallagma annexum - 1 imago mâle C/R
Enallagma exsulans - 23 imagos mâle dont 3 C/R et 20 observés
Ischnura verticalis - 5 imagos observés dont 3 mâles et 2 femelles
Aeschna umbrosa - 1 imago mâle C/R
Basiaeschna janata - 1 imago observé
Boyria grafiana - 1 imago femelle ténérale observé + 2 exuvies récoltées
Gomphidés sp. - plusieurs exuvies collectées
Dromogomphus spinosus - 5 imagos dont  1 mâle C/R et 4 observés
Hagenius brevistylus - 2 imagos dont 1 mâle C/R et 1 observé
Hylogomphus adelphus - 2 imagos mâle dont 1 C/R et 1 observé
Phanogomphus exilis - 4 imagos dont 1 mâle C/R et 3 observés
Ophiogomphus sp. - 1 imago observé + exuvies collectées
Stylogomphus albistylus - 1 imago mâle observé
Stylurus amnicola - 1 exuvie collectée
Stylurus scudderi - 1 imago mâle observé + 19 exuvies collectées
Stylurus spiniceps - 1 exuvie collectée
Macromia illinoiensis - 3 imagos observés + 1 exuvie collectée
Plathemis lydia - 4 imagos observés dont 3 mâles et 1 femelle

Les deux listes montrent des similitudes évidentes mais elles démontrent surtout que Dromogomphus spinosus et Enallagma exsulans sont des espèces bien établit en Capitale-Nationale (ces deux espèces apparaissaient quasi-inexistantes jusqu'à tout récemment). Quant à Phanogomphus exilis et Hagenius brevistylus ils semblent avoir des exigences particulières du point de vue de leur environnement et je ne les ai retrouvés que dans un secteur bien spécifique lors de mes recensements (voir photo ci-bas) alors que d'autres espèces comme Argia fumipennis et Argia moesta bien que présentent demeurent des espèces marginales dans le secteur. Autrement Stylogomphus albistylus constitue un bel ajout pour la région de la Capitale-Nationale.


Entre la rive et l'île il y a un chenail qui n'est pas sans rappeler la rivière Saint-Charles près de Québec. C'est seulement dans cette parcelle d'habitat de la rivière Jacques-Cartier que j'ai retrouvé Phanogomphus exilis et Hagenius brevistylus. 

Ce qui est aussi très intéressant dans les inventaires de ces deux rivières c'est la découverte d'exuvies de Stylurus amnicola et de Stylurus spiniceps prouvant la présence de naïades vivants dans ces eaux. À noter qu'il s'agissait de deux espèces inconnues en dehors du corridor fluvial jusqu'à tout récemment dans la grande région de Québec. Ces informations vont donc s'ajouter aux connaissances acquises lors des inventaires de l'IALQ (Initiative pour un Atlas des Libellules du Québec).


Alain Côté
Guy Lemelin

Surprise à la Seigneurie de Joly - 22 juillet 2019


La Seigneurie de Joly est un vaste territoire boisé situé au nord de l'autoroute 20 entre Val-Alain et Villeroy. Elle est essentiellement traversée par la rivière du Chêne mais on y retrouve aussi quelques ruisseaux ainsi que de superbes étangs à castors bien dissimulés en forêt. La majorité de ce territoire reste encore à inventorier mais déjà une surprise pour le moins inattendue a été repérée à proximité d'un de ces étangs.

C'est lors de la deuxième expédition, à laquelle j'ai pu me joindre, que nous avons probablement découvert moi, Peter et Maurice la libellule la plus surprenante de ce site; le Pachydiplax longipennis ! Et il n'y en avait pas qu'un mais bien deux dans un fossé complètement inondé par un barrage de castors. Les deux individus de type femelle se posaient sur des branches ténues d'où elles s'élançaient fréquemment par aller capturer des proies presqu'invisibles à l'oeil nu.


Lieu de la découverte des deux femelles Pachydiplax longipennis - Seigneurie de Joly

Autre vue du lieu de la découverte des deux femelles Pachydiplax longipennis - Seigneurie de Joly

Libellule véloce - Blue Dasher - Pachydiplax longipennis - femelle

Sur le chemin du retour, le long du sentier forestier qui s'étire sur une distance d'environ deux kilomètres, nous avons aussi capturer une femelle Erythemis simplicicollis qui était posée dans les hautes herbes bordant le chemin. Il s'agit d'une espèce qui avait déjà été repérée lors de la première expédition.


Chemin du retour où a eu lieu la découverte d'Erythemis simplicicollis

Érythème des étangs - Eastern Pondhawk - Erythemis simplicicollis

Plus tard en après-midi nous croisons un ruisseau traversant la route et question d'y vérifier les libellules nous garons notre véhicule un peu plus loin. La dernière chose que nous nous attendions à voir à cet endroit c'est bien un autre Pachydiplax longipennis ! Il est là tout près du chemin posé sur une branche surplombant le point d'eau et cette fois c'est un mâle. Nous sommes vraiment surpris par cette autre découverte.


Libellule véloce - Blue Dasher - Pachydiplax longipennis - mâle

Voilà une autre journée bien remplie et avec d'excellents résultats d'inventaire.

Liste des espèces :

Calopteryx maculata - 5 imagos mâles et 2 femelles observés
Enallagma hageni - 17 imagos mâles "capturé/relâché" (C/R)
Enalagma sp. - 42 imagos observés mais non-identifiés
Nehalennia irene - 40 imagos et plus observés
Aeschna canadensis - 13 imagos mâles C/R
Aeschna sp. - 45 imagos observés mais non-identifiés
Erythemis simplicicollis - 1 imago femelle C/R
Leucorrhinia intacta - 1 imago mâle observé
Leucorrhinia proxima - 3 imagos dont 1 mâle et 1 femelle C/R plus 1 mâle observé
Libellula pulchella - 2 imagos dont 1 mâle et 1 femelle observés
Libellula quadrimaculata - 5 imagos observés
Pachydiplax longipennis - 3 imagos observés dont 1 mâle et 2 femelles
Sympetrum internum -  3 imagos dont 2 mâles et 1 femelle C/R
Sympetrum obtrusum - 23 imagos dont 20 mâles C/R plus 3 observés
Sympetrum sp. - plus de 200 imagos


Alain Côté
Peter Lane
Maurice Raymond


La rivière Saint-Charles - plus de 32 espèces recensées!


L'Hagénie - Dragonhunter - Hagenius brevistylus - femelle

La rivière Saint-Charles prend sa source du lac portant le même nom en périphérie de la ville de Québec. C'est une rivière très sinueuse, au cours lent et avec une impressionnante voute arbustive le long de ses rives. Récemment je suis allé inventorier les libellules de cette rivière et j'y ai découvert une riche odonatofaune.

J'ai canoté la rivière pour la première sur une distance d'environ 250 mètres de part et d'autre du pont du Boulevard de la Colline le 13 juillet dernier. J'ai d'abord remarquer l'omniprésence de Calopteryx aequabilis tout au long du parcours notamment près des îlots de végétation flottante ou encore posés sur le feuillage surplombant la rivière. Chose certaine ils sont nombreux et une seule autre espèce semble aussi abondante  mais plus discrète; Enallagma ebrium. Puis survient ma première "grosse" surprise à la sortie d'un méandre alors que je vois une libellule faisant un va et vient pendant plusieurs secondes à l'endroit où elle a choisie de pondre ses oeufs en bordure de la rivière.  Je l'observe tapant énergiquement la surface de l'eau avec le bout de son abdomen en faisant gicler de nombreuses gouttelettes d'eau. Cette Hagenius brevistylus ne sera pas la seule à assurer la nouvelle génération puisque j'en verrai deux autres en train de pondre à différents endroits le long de mon parcours. Avec en plus les individus en circulation j'ai certainement du en voir une bonne demi-douzaine...! Ce n'est pas une libellule simple à observer dans la région, ou même ailleurs, mais quand cela arrive elle a tout pour impressionner et ce tant du point de vue comportemental que par sa taille. D'autres espèces fort intéressantes lors de cet inventaire sont Didymops transversa et Macromia illinoiensis. Ces deux belles espèces, généralement peu notées dans mon carnet d'inventaire, ne me laisse plus aucun doute sur la qualité et le potentiel de ce site et c'est avec un total de 18 espèces dénombrées que je complète ce premier relevé.


L'Hagénie - Dragonhunter - Hagenius brevistylus - femelle - 13 juillet 2019


Voici la liste des 18 espèces ainsi que les nombres pour chacune d'elle :

Calopteryx aequabilis  - 50 et plus observés - espèce omniprésente
Calopteryx maculata - 2 mâles observés
Enallagma ebrium - 50 et plus observés - 6 mâles capturés et relâchés (C/R) - espèce omniprésente
Ischnura verticalis - 2 mâles observés
Aeschna sp. - 2 observés
Anax junius - 1 mâle observé
Basiaeschna janata - 5 observés - dont 1 mâle C/R
Phanogomphus exilis - 2 observés - dont 1 mâle C/R
Hagenius brevistylus -  5 et plus observés - dont 1 en vol, 1 femelle C/R et trois femelles en ponte
Didymops transversa - 4 observés - dont 1 mâle C/R
Macromia illinoiensis - 2 observés - dont 1 femelle C/R et une femelle en ponte
Ladona julia - 4 observés - dont 1 mâle, un tandem et une femelle en ponte
Leucorrhinia intacta - 25 et plus observés  - mâles, femelles, tandems et ponte
Leucorrhinia proxima - 1 mâle C/R
Libellula pulchella - 2 observés - mâle et femelle
Libellula quadrimaculata - 1 observé
Plathemis lydia - 7 et plus observés - mâles, femelles, ponte
Sympetrum obtrusum - 1 mâle observé

Suite à ces résultats plus qu'encourageant j'étais de retour sur la rivière deux jours plus tard pour investiguer une plus grande section située entre les pont du Boulevard de la Colline et celui de l'Avenue Lapierre. Une capture surprise m'attendais quelque part sur la rivière et allait constituer l'ajout d'une nouvelle espèce pour la grande région de la Capitale Nationale. La journée a débutée très lentement dès 08h15 ce qui m'a donné amplement de temps pour bien évaluer le nombre de Calopteryx aequabilis. 1, 2, 5, 25, 50, 100..., 250 et j'ai arrêté de compter pour passer à autre chose! Puisque j'ai tout mon temps je navigue à pas de tortue. J'investigue tout ce qui se passe autour et près de moi. Je ne suis plus surpris de noter Hagenius brevistylus avec régularité mais leur nombre reste tout de même impressionnant. J'en ai capturé quatre et j'ai noté une dizaine de femelles en ponte. Du côté des gomphides une belle présence pour Phanogomphus exilis autrement difficile à détecter régionalement. Les Macromia illinoiensis sont aussi à l'honneur avec cinq individus dont une femelle en ponte. Mais la cerise sur le sundae est venue avec la capture inattendue d'un autre membre de la famille des gomphidés et il s'agit de Dromogomphus spinosus. C'est certainement un bel ajout pour la région de Québec dans le cadre de l'Initiative pour un Atlas des Libellules du Québec (IALQ).


Gomphe épineux - Black-shouldered Spinyleg - Dromogomphus spinosus - mâle - 15 juillet 2019

Cette fois le décompte s'est terminée avec 21 espèces dont voici la liste :

Calopteryx aequabilis  - 250 et plus observés - espèce omniprésente
Calopteryx maculata - 25 et plus observés
Lestes disjunctus - 1 mâle C/R
Enallagma ebrium - 200 et plus observés - dont 6 mâles C/R - espèce omniprésente
Ischnura verticalis - 3 observés - dont 2 mâles et une femelle
Aeschna sp. - 2 observés
Anax junius - 1 mâle observé
Boyria vinosa - 1 mâle ténéral
Basiaeschna janata - 4 observés
Dromogomphus spinosus - 1 mâle C/R
Phanogomphus adelphus - 1 mâle C/R
Phanogomphus exilis - 3 observés - dont 1 mâle C/R et 2 observés
Hagenius brevistylus -  14 observés - dont 4 C/R (2 mâles et 2 femelles) et 10 femelles en ponte
Macromia illinoiensis - 5 observés - dont 1 femelle en ponte
Epitheca canis - 1 mâle C/R
Ladona julia - 16 observés - dont 14 mâles et deux femelle en ponte
Leucorrhinia intacta - 25 et plus observés  - mâles, femelles, tandems et ponte
Libellula pulchella - 1 mâle observé
Libellula quadrimaculata - 5 observés
Plathemis lydia - 18 et plus observés - dont 16 mâles et deux femelles
Sympetrum obtrusum - 7 mâles observés - dont 6 ténérals

La motivation est à son comble avec tous ses résultats. Jamais deux sans trois et me revoici à nouveau  sur la rivière le lendemain. Encore une fois de beaux ajouts d'espèces localement et une reconfirmation de la présence d'une autre en Capitale Nationale. Cette fois, à partir du pont du Boulevard de la Colline, je me dirige vers l'aval et je réussis à ajouter cinq nouvelles espèces pour le site. Parmi celles-ci il y a Enallagma hageni, Nehalennia irene, Stylurus scudderi, Epitheca princeps et Enallagma exsulans. Cette dernière n'a jamais été notée autrement qu'une seule fois dans la région de Neuville il y a fort longtemps (référence; Atlas préliminaire des libellules du Québec).


Agrion exilé - Stream Bluet - Enallagma exsulans - mâle - 16 juillet 2019

La liste compte encore 21 espèces :

Calopteryx aequabilis  - 50 et plus observés - espèce omniprésente
Calopteryx maculata - 10 et plus observés
Enallagma ebrium - 50 et plus observés - dont 4 mâles C/R - espèce omniprésente
Enallagma exsulans - 10 mâles et plus observés - dont 4 mâles C/R
Enallagma hageni - 1 mâle C/R
Ischnura verticalis - 3 observés - tous des mâles
Nehalennia irene - 3 observés - tous des mâles
Aeschna sp. - 2 observés
Anax junius - 1 mâle observé
Basiaeschna janata - 3 observés
Dromogomphus spinosus - 1 mâle C/R - (capturé par Guy)
Phanogomphus adelphus - 2 mâles C/R
Phanogomphus exilis - 4 observés - dont 2 mâles C/R et 2 observés
Hagenius brevistylus -  5 observés - dont 2 femelles en ponte
Stylurus scudderi - 2 femelles ténérales
Macromia illinoiensis - 3 observés - dont 1 femelle en ponte
Epitheca princeps - 1 observé
Ladona julia - 8 mâles observés
Leucorrhinia intacta - 3 mâles observés
Libellula pulchella - 1 tandem observé
Plathemis lydia - 8 et plus observés - tous des mâles

Ajout récent :

Calopteryx amata - 3 mâles C/R (20/07/2019)

Le grand total d'espèces de rivières et de marais recensées sur un tronçon d'environ deux kilomètres est vraiment au delà de mes attentes. Plus de 32 espèces incluant l'exuvie de Boyeria grafiana et celle d'Ophiogomphus colubrinus en plus d'une non-identifiée d'ophiogomphus sp correspondant peut-être à une 33ième espèce, ont été rapportées. Je ne serais pas surpris d'y retourner bientôt!

Alain Côté
Guy Lemelin

tourbière Malbaie - parc des Grands-Jardins - 7 juillet 2019


Nous n'avons pas été longtemps dans le secteur de la tourbière avant de nous rendre compte de la situation; les quantités et la variété n'étaient pas au rendez-vous. Le printemps tardif se fait donc encore sentir dans cet écosystème aux conditions climatiques particulières. Malgré cela nous avons quand même atteint un objectif que nous nous étions fixé plus tôt; observer enfin une femelle Aeschna septentrionalis.

Depuis 2017, l'année des premiers inventaires à la tourbière Malbaie, nous n'avions encore capturés aucune femelle. Il apparaît donc évident, contrairement aux mâles, que tout au long de leur processus de maturation les femelles se tiennent loin des sites de pontes. C'est lorsqu'elles reviennent vers leur lieu d'émergence, là où les mâles les attendent, que nous avons probablement observés des tandems à l'occasion.                      

C'est en marchant dans la tourbière et tout en nous éloignant du secteur où nous observons normalement A. septentrionalis que fortuitement, parmi les quelques épinettes noire rabougries, je capture une libellule que je semble avoir dérangé. À travers les mailles du filet je reconnais tout de suite le "pattern" des motifs situés au niveau du thorax indiquant qu'il s'agit de A. sitchensis ou A. septentrionalis. En main le premier constat semble évident car la taille de l'insecte et les motifs de l'abdomen pointent vers Aeschna sitchensis. Toutefois il semble un peu tôt en saison pour observer cette espèce et je décide de vérifier à la loupe un des critères très important pour différencier A. sitchensis et A. septentrionalis; le T-Shape en vue de dessus. J'y regarde à deux fois et je me rend compte qu'il ne s'agit pas du motif de A. sitchensis et en plus la longueur du point de contact entre les deux yeux ne correspond pas non plus à cette dernière. Je reprends l'exercice au complet en observant à nouveau cette libellule. Elle est notablement plus petite que les mâles d'A septentrionalis que nous observons habituellement et sa taille s'apparente plutôt à celle d'Aeschna sitchensis. Les motifs de l'abdomen semblent ceux d'Aeschna sitchensis mais les critères spécifiques à A. septentrionalis sont bien présents au niveau de la tête. J'appelle Guy pour lui demander son avis puis je lui remet la libellule. Son verdict tombe et confirme mes doutes; une femelle Aeschna septentrionalis. Différencier ses deux espèces peut-être "tricky" et cette expérience m'a rappelé celle du premier mâle que nous avions capturé à la tourbière Malbaie en 2017. À ce moment nous avions été complètement berné (http://libellulesquebec.blogspot.com/2018/01/decouverte-dune-population-daeschne.html) !

Voici donc quelques photographies de cette femelle Aeschna septentrionalis. Comparez là avec celle d'Aeschna sitchensis capturée au même endroit le 20 juillet 2017. Portez particulièrement attention aux images "vues de dessus" et remarquez surtout les détails du "T-shape" et la longueur du point de contact entre les yeux.


Aeschne septentrionale - Azure Darner - Aeshna septentrionalis - femelle en vue latérale - 7 juillet 2019




Aeschne septentrionale - Azure Darner - Aeshna septentrionalis - femelle en vue dorsale - 7 juillet 2019



Aeschne septentrionale - Azure Darner - Aeshna septentrionalis - femelle en vue de dessus - 7 juillet 2019



Aeschne à zigzags - Zigzag Darner - Aeshna sitchensis - femelle en vue latérale - 20 juillet 2017



Aeschne à zigzags - Zigzag Darner - Aeshna sitchensis - femelle en vue dorsale - 20 juillet 2017



Aeschne à zigzags - Zigzag Darner - Aeshna sitchensis - femelle en vue de dessus - 20 juillet 2017





Alain Côté
Peter Lane
Guy Lemelin
Maurice Raymond


Émergences retardées et décomptes impressionnants


Le constat semble évident que les conditions climatiques printanières ont retardées le moment de l'émergence de plusieurs espèces. Mais voilà que ce délai, imposé par Dame Nature, se manifeste maintenant sous la forme de dénombrements impressionnants après que les naïades prêtent à quitter le milieu aquatique eurent attendu le jour "J" pour entreprendre la grande métamorphose.

C'est du côté de Stater pond, dans la région de l'Amiante le 28 juin dernier, que j'ai réalisé qu'il y avait quelque chose de différent cette année alors que certaines espèces printanières se retrouvent dans des concentrations que je n'ai jamais observées auparavant. À titre d'exemple voici quelques données recueillies cette journée là;
  • Calopteryx aequabilis : cette espèce est observée fréquemment dans ce secteur mais pas dans des concentrations comme celle notées ce jour là. Dans mon carnet de notes j'ai indiqué le nombre 80++; le signe "+" signifiant qu'il y en avait au delà du chiffre indiqué. À une reprise dans un secteur très limité il y avait un regroupement d'environ 20 à 25 individus, la majorité des mâles, près d'un habitat propice pour la reproduction de l'espèce.
  • Enallagma ebrium : il s'agit d'une espèce abondante dans ce milieu, toutefois cette journée là elle était très abondante. j'ai noté le chiffre conservateur de 1500++ individus. Il y avait encore beaucoup d'émergences dont profitait largement les Anax et les Leucorrhinia intacta pour se nourrir.
  • Leucorrhinia intacta : il y avait une concentration hors de l'ordinaire pour cette espèce. Dans mon carnet j'ai noté 1800+++ dans un périmètre relativement restreint et essentiellement sur les sites de reproduction.
  • Libellula quadrimaculata : pour cette espèce et la prochaine ce n'est pas le nombre mais plutôt le phénomène. Sous le vent, près d'un arbre isolé le long du chenail, un essaim d'une quinzaine d'individus se nourrissaient. Il s'agit possiblement d'individus immatures ayant émergés depuis peu.
  • Epitheca princeps : ce n'est pas une espèce commune au Stater pond mais nous la notons sporadiquement surtout le long de la rivière aux Pins. À mon retour et non loin du pont à la Cheville j'ai été surpris de découvrir un essaim qui se nourrissait quelques mètres au dessus de la rivière. J'en ai compté 18! Encore là ce n'est pas le nombre mais plutôt le phénomène qui est remarquable. Il s'agit possiblement de jeunes individus ayant entreprit le processus de maturation depuis peu.
Le lendemain c'est du côté de l'étang de Château-Richer que j'ai aussi observé le phénomène avec une importante émergence d'Ischnura verticalis. Et finalement c'est dans le parc des Grands-Jardins dans la Réserve faunique des Laurentides que moi, Guy, Peter, Maurice et Adine avons aussi été témoin de nombres importants. Cette fois c'était une concentration de Cordulia Shurtleffi près de l'étang Malbaie qui a attiré l'attention. L'essaim était composé d'au moins 250++ individus qui volaient en tout sens, se nourrissaient et se posaient sur les branches de conifères près d'un chemin forestier. C'était un spectacle saisissant.


Alain Côté
Peter Lane
Adine Séguin
Guy Lemelin
Maurice Raymond