21 juillet - scudderi, fumipennis et anna

C'est la première fois que je visitais la rivière aux pins en amont du pont à chevilles dans le secteur d'Irlande. Ce fut une longue randonnée en canot, parsemée d'épreuves, mais qui s'est heureusement bien terminée. Heureusement pour moi certes, mais pas pour les optiques qui en ont pris plein la gueule!

En effet appareil-photo, jumelles, canot, le bonhomme ainsi que le Stylurus scudderi que je venais de capturer au filet furent submergés suite à une malencontreuse maladresse qui m'a fait perdre l'équilibre. Avec le canot rempli d'eau, les rames à la dérive et de l'eau à la poitrine j'ai rapidement repris le contrôle de la situation et relâché ce malheureux scudderi qui avait sombré avec moi. Il s'en est suivi une longue période de séchage et des frustrations bien légitimes en regardant mes optiques et je dois avouer que j'ai bien faillit tout ramasser et revenir à la maison après cette expérience. Mais il n'était que 08h15 environ et j'ai décidé de continuer quand même surtout avec l'activité des Stylurus scudderi que j'avais remarqué plus tôt.

Jusque vers 11h00 les "scudderi's" étaient nombreux et très actifs et n'hésitaient pas à se poser fréquemment sur mon canot. Lorsque j'en repérais, je n'avais qu'à m'approcher de la zone qu'ils survolaient et à m'immobiliser pour en voir un arriver et se poser. L'absence de roches à fleur d'eau dans la rivière pour y faire le guet pourrait expliquer ce comportement. Autrement j'en ai vu se poser sur le feuillage bordant la rivière ou encore sur un des rares bancs de sable et de gravier le long du cours d'eau. De plus je n'ai vu que des mâles patrouillant des secteurs bien précis que je pourrais décrire comme suit: eau légèrement teinté, pas de rapides, écoulement allant de lent à modéré, faible profondeur; entre trente et soixante centimètres en général et un fond constitué de sable et de gravier. Nul doute qu'il s'agit de l'habitat idéal pour cette espèce compte tenu du nombre observé. Un phénomène intéressant que j'ai noté lors du retour c'est l'absence de "scudderi". Apparemment ils sont actifs tôt le matin près des sites de pontes et disparaissent vers la mi-journée. J'avais fait le même constat récemment avec des Gomphus descriptus.




J'ai aussi été surpris par le nombre d'Argia fumipennis. Ils étaient relativement nombreux avec pas moins de vingt-cinq individus notés. J'ai vu plusieurs mâles solitaires ainsi que  plusieurs tandems dont un que la femelle s'affairait à pondre dans une zone de débris flottant. Il y a deux ans l'espèce avait été remarquée du côté de la rivière Bécancour, située à proximité, mais en petit nombre.




Mais la plus grande surprise de la journée fut celle de redécouvrir une espèce dont nous avions perdu la trace depuis deux ans; Enallagma Anna. L'espèce avait été découverte en 2014 quelques centaines de mètres en amont du pont Marcheterre qui enjambe la rivière Bécancour et, malgré des efforts d'inventaires, elle n'avait pas été revu officiellement en 2015. Cette année je pense avoir découvert leur repère car c'est sans difficulté que j'ai réussis à en capturer trois et certainement à en voir tout autant. En effet, avec un peu de pratique, le repérage visuel était possible car les deux seules autres espèces d'enallagma présentent le long de la rivière était des Enallagma ebrium et des Enallagma hageni, soit deux espèces notoirement plus petites qu'Enallagma anna. Les captures ont été faites à bonne distance l'une de l'autre démontrant que l'espèce semble bien répartie tout au long d'un segment de rivière d'environ un kilomètre. J'y retourne bientôt et j'espère y voir au moins un tandem ou encore mieux une femelle en train de pondre. 





Par la suite j'ai fait un arrêt à l'endroit où moi et Maurice avons découvert une population d'Enallagma signatum dernièrement. J'y ai vu plusieurs tandems en circulation mais aussi plusieurs dont la femelle était en ponte. La compétition était forte autour des rares plantes flottantes de cette ancienne carrière, imaginez quatre couple dont la femelle est en train de pondre sur une superficie pas plus grande qu'une pièce de monnaie de deux dollars! Ma recherche pour découvrir E. aspersum à cet endroit fut encore veine, ce qui semble indiquer que l'espèce n'est pas présente à ce site. Pourtant l'habitat n'est pas très différent de celui de Saint-Jean-Port-Joli où nous l'avions découvert.

La liste des espèces confirmées à la rivière aux pins:

25 Calopteryx aquabilis
20 Calopteryx maculata
25 Argia fumipennis
2   Nehalennia irene
10 Enallagma ebrium
16 Enallagma hageni
3   Enallagma anna
8   Ischnura verticalis
3   Boyeria vinosa
15 Stylurus scudderi
1   Cordulegaster maculata
2   Libellula pulchella
5   Plathemis lydia


La liste des espèces confirmées à la carrière à St-Ferdinand

1   Nehalennia irene
7   Enallagma carunculatum
5   Enallagma ebrium
12 Enallagma hageni
22 Enallagma signatum
12 Ischnura verticalis



Alain Côté